samedi 29 décembre 2018

Le renne du Père Noël

Je ne sais pas si tu y croiras encore l’an prochain, je suis même quasi certaine que non car tu auras partagé pas mal de temps avec des enfants plus âgés que toi dans ta classe à l’école.
Mais je dois dire que rien ne m’a fait plus plaisir de voir que la première chose que tu as remarqué en te levant ce 25 décembre c’est que le Pére Noêl avait bu le verre de vin et que son renne avait mangé la carotte et bu l’eau que nous leur avions préparée la veille au soir.
Quel plaisir de partager avec toi la magie de Noël tout au long du mois de Décembre,  de te voir ouvrir les cases de ton calendrier de l’avent, non pas pour en manger les chocolats mais pour compter chaque matin le nombre de nuits avant l’arrivée du Père Noêl. Il faut dire que tu étais bien déçue de constater le 02 Décembre au matin qu’il n’était pas passé cette nuit là alors que le sapin était tout décoré dans le salon!
J’ai bien cru que c’etait foutu quand tu as croisé le Père Noël du marché de Noêl et que tu m’as dit : »lest pas un Père Noël, l’est un Monsieur, pas vraie barbe » mais devant mon insistance à vouloir te dire que c’était le Père Noel, tu m’as assuré: « lui pas le Père Noël, lui c’est un monsieur , Père Noêl vraie barbe ».
Voilà Noël est passé, tu as reçu bien trop de cadeaux mais il était difficile de te priver de ce plaisir innocent et enfantin. Tu es quand même très perplexe sur ce Père Noël qui t’a amené autant de cadeaux cette année alors qu’il n’avait jamais pensé à s’arrêter au shishu sadan. Mais tu sais déjà ce que tu vas demander à Noël l’an prochain: un habit de la Reine des glaces ( qui était pourtant dans ta lettre au Père Noel alors qu’il t’a amené des jouets que tu n’avais pas demandés) et un chat. Le chat , tu veux le demander au Père Noêl parce que ton papa , lui, veut un chien!


mardi 4 décembre 2018

A bicylette!

Ton papa y tenait: il voulait que ce soit ton dada, grand cycliste chevronné, qui t'aide à choisir ton vélo. Le choix a été rapide: il en fallait un à ta taille, avec du rose dedans et bien sûr le casque rose pour l'esprit girly. Un petit quart d'heure de vélo dans la rue calme de notre maison pour te familiariser avec ta nouvelle monture et tu étais prête à pédaler en compagnie de dada sur les pistes d'Hossegor!
C'est donc à bicyclette que vous êtes partis tous les deux vers le restaurant où il était prévu  que nous mangions. J'avais émis une objection: la petite descente vers le canal t'était interdite, tu ne maitrisais pas assez la bête et je n'étais pas sûre que tu écouterais les conseils de sécurité de ton grand-père pour t'éviter d'aller piquer une tête dans le canal , car quand tu as une idée en tête, impossible de te faire changer d'avis. D'ailleurs il a eu un mal de chien à te convaincre que tu ne pouvais pas faire de vélo sur la plage.
Il m'a trouvé bien timorée, sûrement un peu trop mais ça n'a pas duré longtemps:  au retour du restaurant , vous avez donc emprunté la piste dans l'autre sens. Arrivé à l'appartement, ton grand-père s'est rendu compte que tu ne le suivais plus. En fait, tu n'avais pas compris que nous arrivions en voiture et tu étais repartie en arrière pour nous chercher sans le prévenir! une fois qu'il t'a rattrapée,  tu ne voulais pas rentrer, refusant de faire demi-tour. Tu es revenue au restaurant, tu as pu constater que nous n'y étions plus et tu as enfin accepté de rentrer!
"Ce n'est pas la moitié d'une bourrique " m'a t'il dit.
Le vélo a été rangé, tu as foulé le sable de la plage et fait ton premier bain de pieds avec tes chaussures avant de t'attaquer au premier château de sable.Bien sûr tu étais trempée et frigorifiée mais tu étais ravie de ton après-midi en compagnie de tes grand-parents.






lundi 3 décembre 2018

on rentre à la maison!

Bien sûr nous t'avions préparé à ce grand voyage:tu parlais régulièrement à nos proches en appel video, te familiarisant avec leurs visages et   nous t'avions montré des photos et des vidéos de la maison.
Mais je ne te cache pas que nous avons été surpris de la facilité avec laquelle tu es rentrée dans ta nouvelle vie!
Tu étais radieuse à l'aéroport, la banane jusqu'aux oreilles et curieuse de tout.
Malgré l'heure tardive du vol et la fatigue qui s'est imposée dans la soirée, pas une difficulté, pas un caprice, pas une bouderie. Tu profitais de chaque instant en notre compagnie, gambadant sur les tapis roulants entre les passagers et t'amusant de tout.
Une fois confortablement installée dans l'avion ( et vive  le vol en business pris faute de places disponibles au dernier moment pour 3 dans les autres catégories ) tu as profité de ton écran de TV au maximum avant de t'enfoncer dans le sommeil quasiment jusqu'à l'arrivée à Paris. il n'y a que moi qui n'ait pas vraiment profité de cet espace en bussiness, je me suis inquiétée  toute la nuit que tu te réveilles avec l'envie d'aller aux toilettes, que tu détaches ta ceinture malgré les turbulences qui secouaient l'avion ( double raison de m'inquiéter) et que je ne m'en rende pas compte. Au total, je n'ai pas dormi et j'ai eu encore plus peur des turbulences!
A Paris, tu étais heureuse en attendant le vol qui nous emporterait vers ta nouvelle maison. Tu as voulu un paquet de chips (pour changer...) et tu les as choisi pimentés. Le vendeur a voulu te faire changer " ça ça va t'arracher la bouche" mais tu as résisté et maintenu ton choix avec un grand sourire et un petit dodelinement de la tête qui l'ont fait craquer ( en fait , même pour moi,  ils avaient juste un petit peu de saveur avec le piment, bien loin de loin de piquer autant que les plats pimentés indiens )

A l'arrivée à l'aéroport de Biarritz t 'attendaient ton dada et ta dadi, ainsi que Sandrine et Yvan. Tu as repéré " Sandrrrrrine" du haut de l'escalator car elle était venue avec un grand panneau de bienvenue et ton prénom en ballons dorés.



Tu leur as littéralement sauté dans les bras, toute à la joie de les (re)trouver enfin en vrai! Quel bonheur de te voir aussi radieuse, de sentir que tu étais si heureuse d'être attendue!
Tu es rentrée dans la maison, tu as vérifié que toutes les pièces étaient à leur place comme sur la vidéo, tu as contrôlé l'intérieur du frigidaire et de l'armoire de ta chambre.


 Puis tu as ramené ton gros nounours dans le salon pour t'allonger dessus et voilà, tu étais chez toi, c'était aussi facile que ça!






mercredi 28 novembre 2018

paperasserie et petites tracasseries indiennes

Comédie dramatique en trois actes :


Si tout se passe bien , la séquence se déroulant à Delhi -passeport visa exit permis-  va nous prendre une dizaine de jours et nous pourrons faire à nouveau un peu de tourisme à la fin de notre séjour en attendant l'avion de retour. 
(*ahaha! la bonne blague, ne jamais croire que tout va marcher comme sur des roulettes!! )

Acte 1 le passeport
 le 1 novembre, en allant récupérer papa à l'aéroport,  nous déposions l’ordre écrit du jugement originel et ton nouveau certificat de « naissance «  à Delhi pour qu’ils soient apostillés. Je précisais oralement puis par écrit à notre interlocuteur ( et aux responsables de notre association) que ces papiers devaient être renvoyés à Mathura pour que nous puissions les avoir pour notre rdv à l'office des passeports  prévu le 13/11 et qu’au moindre doute ils ne les envoient pas et que nous viendrions les chercher nous même pour aller faire le passeport.
(*ahaha! la bonne blague, ne jamais croire que tout va marcher comme sur des roulettes!! )

  Évidemment,  ils n’étaient pas arrivés le jour de notre départ !
Nous avons donc été faire le passeport avec une copie de chaque document plus un papier arrivé la veille de notre départ truffé de fautes ( certificat de conformité de la CARA, organisme qui gère les adoptions en Inde) : chole ( plat à base de pois chiche en Inde qui certes est un de tes mets favoris) à la place de Chloé, ton 2ème prénom et pas mon nom d’épouse sur ce document...


Donc nous voilà à l’office des passeports, heureusement avec Vishaal  le responsable des adoptions et Madame , son officier et officiellement la directrice de l'orphelinat. Nous attendons 2 heures dans la salle d’attente puis  nous sommes reçus.
Au début il pensait nous renvoyer en nous demandant de revenir avec tous les documents en règle.
Mais comme nous , ( mais surtout ses collègues fonctionnaires) , avions quand même fait 3h de route + 2 h d’attente , il a accepté de prendre ta photo et tes empreintes , d’attendre les nouveaux certificats corrigés de la CARA pour émettre le passeport et de nous le remettre 6 jours plus tard sur présentation de l’original du certificat de naissance.  ( arrivé bien entendu juste après notre départ à Mathura!!, nous convenons avec Vishaal d'un deal : il va nous les amener à Delhi sur son trajet en train de départ en WE  ). 




 Donc nous avons récupéré les documents apostillés trois jours plus tard: nous avions un petit peur de rater Vishaal entre ses 2 trains , lui ne pouvant nous donner une heure que très approximative d’arrivée ( qui au final s’est avéré être l’heure à laquelle il a quitté Mathura, il est donc arrivé 3 h plus tard) . Nous pensions le voir pour la dernière fois de ce séjour (*ahaha! la bonne blague, ne jamais croire que tout va marcher comme sur des roulettes!! ) et le remercions chaleureusement pour son aide au cours de notre séjour. Il a l'air sincèrement ému.


Par contre, la CARA n’ayant pas fait les corrections nécessaires en fin de semaine comme elle s'y était engagée, nous avons donc pris le taureau par les cornes le lundi , jour où nous sommes supposés récupérer le passeport : nous y sommes allés le matin et avons fait faire les corrections nécessaires. 1h30 pour corriger chole à la place de Chloé et 1h de plus pour rajouter mon nom d’épouse sur un document....
puis 1h25 de voiture pour amener tout ça à l’office de passeport.
On attend , forcément...vérification , c’est tout bon !  on va pouvoir repartir avec le passeport comme on nous l'avait promis?
(*ahaha! la bonne blague, ne jamais croire que tout va marcher comme sur des roulettes!! ) 
 ok le passeport vous sera envoyé ...d’ici la semaine prochaine , à Mathura !!!
Hein ??? mais on nous avait dit qu’on l’aurait aujourd’hui ?!
C’est la procédure ( qui est sûrement très régulièrement contournée mais là c’est pas de bol, on est tombé sur un fonctionnaire ultra respectueux de la procédure). Après 1 heure d’attente supplémentaire, nous rencontrons l’officier supérieur qui reste inflexible, même quand je craque dans son bureau  : le passeport sera envoyé à Mathura la semaine prochaine. On a beau parler du fait que ça fait 8 h de route aller retour, que l’on ne va pas pouvoir obtenir les visas dans les temps, que notre avion est le 29/11 au matin,  nous sommes tombés sur l’abruti de service ( parce qu'on sait qu'ils l'ont déjà fait ce que nous leur demandons de faire, c'est à dire au pire envoyer le passeport à Delhi situé à 15 km de Ghaziabad ou nous laisser venir le récupérer sur place dès qu'il sera prêt).


On repart à la CARA, et on leur demande d’intervenir: je fais un merveilleux numéro d’équilibriste en anglais pour qu’ils s’impliquent puisque si leurs documents avaient été corrects et / ou envoyés dans les temps , on en serait pas là.
Ils téléphonent à l'office des passeports et nous affirment que le passeport a déjà été émis et envoyé à Mathura.

(*ahaha! la bonne blague, ne jamais croire que tout va marcher comme sur des roulettes!! ) 
En fait ils nous racontent n'importe quoi, le passeport sera déposé le lendemain à 16H30 à la poste , le trakking de la poste faisant foi. 
Et comme le mercredi c'est férié, on a aucune idée de l'endroit où se trouve le passeport avant le jeudi matin: je découvre jeudi à 07H du matin qu'il est arrivé dans la nuit à Mathura.  .
 Je n'ai plus qu’à me taper 4h de route le jour même pour pouvoir honorer notre RDV pour le visa à l' ambassade vendredi. Tu restes seule avec Papa et je pars à Mathura.  J'y arrive à 13H, Vishaal n'est évidemment pas dans son bureau, je vais y attendre 1H30 avant de voir Vishaal se pointer: le passeport vient d'arriver. OK mais où est-il? à l'orphelinat? je peux aller le chercher? non je ne peux pas ? on va nous l'amener ici? Ok , j'attends 20 minutes de plus, finalement Vishaal , après avoir passé 4 coups de fil, me demande de l'accompagner à l'orphelinat pour le récupérer!! 
Mais je n'ai même pas le droit de rentrer dans l'orphelinat dire bonjour! 
Bon je vais pas me fâcher, j'ai ton passeport, et j'ai encore la route du retour à faire, et tout le formulaire de demande de visa à remplir et imprimer pour notre rdv du lendemain.


Acte 2; le visa
Cet acte est assez rapide : on va à l'ambassade avec Ashok , on poireaute juste une demi-heure,  on y est reçu, on dépose notre dossier complet , le responsable avec qui nous avions rdv n'est pas là mais comme on insiste sur le fait que nous devons obtenir le visa le lundi, le personnel nous affirme qu'ils vont lui envoyer un mail à domicile. Ça sera fait , on est informé par Mme D le samedi que la demande de vérification de notre dossier a bien été faite auprès de la MAI ( mission adoption internationale , organisme français qui vérifie que toutes les adoptions internationales sont faites selon la convention de La Haye) et on passe un WE  ( presque) serein. 
 Lundi matin, je téléphone à l'ambassade, c'est OK, nous pouvons venir le chercher l'après midi même. 


Acte 3: l'exit permit. 
A peine sorti de l'ambassade, direction le service de l’immigration indienne: il nous faut obtenir l'exit permit, le droit de resortir du territoire indien avec toi, enfant d'origine indienne. D'abord, on repasse à l’hôtel puisqu'il nous faut pour l'exit permit un formulaire rempli par l’hôtel. On leur a demandé à midi, ça devait être fait 20 minutes plus tard (*ahaha! la bonne blague, ne jamais croire que tout va marcher comme sur des roulettes!! ).  A14H 30 , au moment de partir à l'ambassade, ce n'était pas prêt. On a donc convenu qu'on venait le récupérer sur le chemin. 
A priori ce n'est pas très compliqué: il y figure nos noms, prénoms, date de naissance, date d'arrivée à l’hôtel et numéro de passeport. Ça devrait être prêt. 
(*ahaha! la bonne blague, ne jamais croire que tout va marcher comme sur des roulettes!! )
Mais les formulaires sont bourrés d'erreur!! et comme ils faut tout retaper à chaque impression, ça prend une heure pour obtenir le fameux document.
On fonce au bureau de l’immigration. Juste devant, sur le trottoir,  un gentil monsieur a ouvert une office à ciel ouvert où il se charge de préremplir pour toi tous les formulaires nécessaires et de scanner et télécharger dans l'application dédiée les documents. A priori j'ai amené tout ce qu'on m'a dit d'amener (*ahaha! la bonne blague, ne jamais croire que tout va marcher comme sur des roulettes!!)  Eh non, il manque nos photos d'identité dont personne ne m'a jamais parlé. Heureusement, l’hôtel est à 500m, on a tout prévu même ça et donc on finit par remplir le formulaire. 
On rentre  dans l'office, on dépose notre formulaire, les copies des documents, et on nous dit qu'on recevra tout ça par mail demain à 18h. Méfiante, je demande si on ne peut pas venir le chercher directement....on me répond que je peux venir le chercher à 16H30.
Le lendemain matin, je téléphone à la CARA pour leur demander si ils ont bien reçu le mail de l'immigration visant à vérifier que ton adoption s'est déroulé selon la convention de la Haye. Ils l'ont bien reçu, ils sont en train d'y répondre.OK donc tout sera probablement prêt à 16H30.
(*ahaha! la bonne blague, ne jamais croire que tout va marcher comme sur des roulettes!!) 
16H30: J'arrive devant l'office, me heurte à un premier fonctionnaire qui ne veut pas me laisser rentrer en me montrant l'horloge et semble ne pas comprendre l'anglais ( quelle idée de mettre à l'entrée d'un bâtiment d'immigration une personne qui ne parle pas anglais, me direz vous.... En fait, cet empaffé parle très bien anglais dès que c'est une personne indienne qui s'adresse à lui, je le découvrirai plus tard en attendant, j'ai eu tout le temps de l'observer).
Je respire un grand coup, explique en hindi comme je peux et il me laisse passer. 
Je vais en souriant vers la personne qui a accepté gentiment notre dossier hier (mais hier j'étais accompagnée par un indien et mon mari , ce sont des détails qui comptent) , le salue bien poliment,  il relève la tête , pas un bonjour, pas un sourire, me pointe du bout du doigt le comptoir où je dois m'adresser. J'ai de la chance, il m'a répondu , parce que les travailleurs africains, il ne leur répond pas. Ou leur aboît dessus.
Je m'adresse au comptoir désigné, on me dit de m'asseoir. Je m’assoies donc, et j'attends. J'observe l'administration indienne au travail. Des mecs parlent et déconnent entre eux, mais refusent de répondre aux questions des étrangers, c'est à vomir comme comportement. 
J'attends mais je ne sais pas ce que j'attends: que quelqu'un se libère? s'occupe de notre dossier?  que notre dossier arrive en haut de la pile?
Au bout de 20 minutes, n'ayant pas eu de réponse à ma question posée initialement, ( avez vous bien reçu le mail de la CARA?) et me rendant compte que cette administration sera bientôt fermée si je dois aller le chercher moi-même, je m'adresse à nouveau au monsieur derrière son comptoir. Il demande à une jeune femme d'aller checker les mails pour chercher la réponse de la CARA. Elle disparait, revient 10 minutes plus tard, ne me dis pas un mot quand elle se réinstalle. Je lui demande ce qu'il en est "didn't receive" me dit elle. Mon coeur fait un bon, je rappelle la CARA; elle m'affirme qu'ils l'ont bien envoyé. Je le dis à la jeune femme, elle me dit "OK", elle quitte la salle à nouveau , elle revient " me dit à nouveau "didn't receive" je rappelle la CARA devant elle, et lui tend le téléphone pour qu'elle parle à la responsable de la CARA.
 Elles échangent 3 mots, elle dit "OK" raccroche ressort de la salle; je pense qu'elle est partie revoir; en fait, non elle vient de finir sa journée de travail et je la vois quitter l'office d'immigration sans un mot pour son collègue! 
Il est 17H30, ça fait une heure que je poireaute après un document pour une raison inconnue!! 
Je m'adresse de nouveau au type derrière le comptoir pour savoir ce qu'il en est " didn't receive the mail " me répond-il à nouveau. Là je rappelle la responsable de la CARA, lui passe directement sans même chercher à le convaincre de m'écouter. Il échangent trois phrases ensemble, "OK". I have to check my mail, me répond-il... en fait, aucun d'entre eux n'a vérifié jusqu'alors la bonne boite mail, celle sur laquelle le document a semble t'il été envoyé par l'office d'immigration à la CARA qui s'est contentée de répondre au mail! 
Il s'en va, en revient, semble ne pas vouloir me regarder! ne l'aurait-il pas reçu? je pose donc la question à nouveau... oui il l'a bien reçu, on va s'en occuper, je dois m'asseoir et attendre.

 J'attends, donc et observe à nouveau mon environnement. Deux africains sont aux prises avec l'un des fonctionnaires. Ils ont tous les documents demandés, ont gentiment et patiemment poireauté 2 heures parce qu'on leur a demandé d'attendre, ce sont fait passer devant par tous les gens qui ont insisté pour qu'on s'occupe de leur cas le et maintenant ce n'est plus l'heure, il faut qu'ils reviennent demain alors qu'ils travaillent!!!L'enfoiré fait semblant de ne pas comprendre leur anglais qui est très compréhensible. Je fais non de la tête sans même m'en rendre compte tellement cette situation m’écœure:  ce monsieur avec son racisme flagrant et son point orange entre les deux yeux marquant sa religion hindouiste sont l'incarnation de ce que j'exècre dans la vie, le rejet de l'autre et de la différence au nom de sa religion. Il croit que je lui témoigne mon soutien et quand les deux africains ont tourné le dos, me fait un clin d’œil. Là je lui montre clairement mon dégout pour ce qu'il fait en faisant un vrai non de la tête et une mimique d'incompréhension. Il éclate de rire, baragouine un truc en hindi et se repenche vers son ordinateur. 

18H15: Du coup le temps est passé, je suis appelée au comptoir 25, on me tend deux papiers, un pour Papa et un pour moi, je les vérifie , tout est ok, nous allons pouvoir rentrer enfin en France ma puce!!! 

Après cet ultime épisode aux prises avec l'administration indienne, un immense soulagement m'envahit, j'ai les larmes aux yeux en marchant vers l’hôtel pour vous retrouver et je repense au semaines passées ici. Une joie et une émotion profonde m'envahissent, j'ai hâte d'aller vous retrouver pour profiter de cette bonne nouvelle en famille!
J'ai aussi hâte de retrouver l'administration française!!!

 
 





vendredi 23 novembre 2018

Il y a un an...

Tu rentrais dans notre vie et dans nos cœurs.
Nous étions informés qu’une petite fille, vivant à Mathura, attendait ses parents. Une simple photo, un prénom, et nous étions ravis !
Que de chemins parcourus depuis ce jour! Les huit premiers mois furent éprouvants, ils ont mis nos nerfs en pelote: comment pouvait-il en être autrement quand ne nous parvenaient que de rares informations au fil des mois, que nous t’imaginions en train de grandir loin de nous, que nous nous sentions privés de ces précieux mois de ton enfance? Cette attente fut de loin la pire pour nous, car tu avais déjà conquis nos cœurs et nous nous sentions séparés de toi

.
Nous nous sommes contentés de bien peu de choses, quelques vidéos et photos  , deux trois renseignements médicaux, que nous avons regardés et partagés avec nos proches des centaines de fois, en pestant contre les lenteurs administratives indiennes et les freins de l’association à nous voir partir en Foster care.













Les 4 mois suivants ont filé à toute vitesse, nous étions avec toi et plus rien d’autre ne comptait, même pas les difficultés rencontrées au cours de ce parcours, nous savions que le plus important était là. Tu nous a donné la force de nous battre contre une juge peu scrupuleuse, d’accepter les désagréments et la lenteur de la bureaucratie indienne. Parfois nous avons été découragés mais ton rire d’enfant suffisait à nous rappeler l’essentiel: qu’importent les difficultés, tu es maintenant avec nous.









Tu es une enfant attachante, câline et vive, intelligente et futée, moqueuse et attentionnée, souriante et joyeuse, curieuse et ouverte aux autres: tu es notre rayon de soleil.
Aujourd’hui, pour cet anniversaire de la fondation de notre famille, nous sommes allées déposer ta demande de visa à l’ambassade de France, et nous avons joué à « je te tiens , tu me tiens  par la barbichette «  dans la salle d’attente, que nous avons remplis de tes pitreries et de nos rires à te voir si joyeuse.
Une jolie façon de fêter cet anniversaire!

 Je t’aime Dourga Princesse de Mathura


(et je remercie Iris princesse d’Ephedia, Auriana princesse de Volta, et Talya princesse de Xiris de cette aide magique à ton apprentissage du français)




mercredi 14 novembre 2018

Comment se dire adieu ?

Pas facile de répondre à cette question quand on a ton âge.

Quand tu as compris l’iminence de notre départ définitif de Mathura, ton comportement s’est modifié: tu t’es refermée, tu as multiplié les contacts « rugueux « avec nous, tu es devenue moqueuse vis à vis de nous, bref tu n’étais pas bien. L’avant veille de notre dernière visite, tu as refusé mes câlins au moment du coucher ; pourtant nous avions passé une excellente fin d’après midi au shishu sadan à faire péter les derniers pétards de Diwali.
Je t’ai demandé ce qui n’allait pas, tu n’as d’abord pas voulu me répondre même quand j’ai formulé la phrase à ta place. « Non va t’en , toute seule « m’as tu répondu. Je n’ai bien sûr pas obtempéré, ce comportement était si éloigné de celui de la petite fille qui me réclamait un câlin tous les soirs depuis 2 mois.
«  tu es triste de quitter tes amies et les didis? » et tu t’es mise à pleurer. Le mur d’enceinte de tes émotions était fendu, nous allions enfin pouvoir t’aider à passer ce cap.
D’abord en te promettant que dès que nous aurions quitté Mathura tu pourrais téléphoner aussi souvent que tu le souhaitais à Sheema Mami et Radda,pour prendre des nouvelles de chacun- promesse que tu as voulu vérifier dès le lendemain matin à ton réveil.
Puis en te rappelant que probablement tes amies allaient elle aussi quitter une à une l’orphelinat, soit par adoption soit par transfert au centre pour adolescentes pour les plus âgées. Tu avais déjà vu tellement d’enfants partir avant toi que tu as compris ,je pense , que tu avais le droit de ne pas te sentir coupable de les laisser là.
En te rappelant aussi que nous reviendrions en Inde avec toi dès que tu en aurais envie.
Enfin en te proposant d’alller acheter le lendemain des churi, ou bandle, ces anneaux très colorés que portent les femmes et les fillettes en Inde, pour chacun des enfants en plus des saris que tu avais déjà choisis pour les didis.
Le dimanche à été plutôt agréable , tu étais rassurée. Et nous n’avons pas trop eu le temps de te laisser te morfondre le lundi puisqu’il a fallu courir un peu partout pour acheter tout ce qui était nécessaire pour notre « goûter de départ ». J’avais pensé acheter des glaces mais Sheem mami n’a pas voulu car c’est la saison froide ( 28°C quand maême au soleil!). Nous avions  imaginé un gâteau à la crème en remplacement mais j’ai préféré m’abstenir finalement car je craignais que le petit rdv officiel prévu à 13h qui devait durer 15 min pour officiellement signifier le départ de l’enfant  ne s’éternise. J’ai bien fait il a eu lieu de 15h à 16H15.... après deux heures d’attente de notre taxi en plein soleil.
Rien ne s’est déroulé comme je l’avais imaginé: nous pensions offrir les saris simplement, finalement ça a été fait dans le cadre très officiel et sans émotion du bureau de l’intendant,  qui a d’ailleurs initialement refusé que nous donnnions un sari à 2 des didis pour une raison inconnue. Bien entendu ces 2 didis nous ont « réclamé » leur sari et c’est avec l’aide de Sheema Mami que nous avons pu les récupérer dans le placard où ils avaient été enfermés à clef.
Le goûter a été distribué de façon habituelle, j’avais imaginé disposer tout ça dehors sur une table. Et les litres de jus achetés pour l’occasion n’ont pas non plus été distribués, il faisait trop froid d’après Sheema Mami, ils allaient tous chopper un rhume si ils buvaient autre chose que du thé chaud ( ...) Je comprends mieux maintenant pourquoi tu ne veux plus boire de boisson chaude et ton intérêt pour les jus de fruits!
Mais il y a eu des moments supers, la distribution des churis avec tous les enfants avec des poignets de toutes les couleurs, même les 3 grands garçons en ont voulu. Le vélo que Pinky s’est approprié rapidement, et sur lequel elle est assise sur toutes nos photos!
Les photos qu’il a fallu prendre avec ta petite Riddi vétue de la jolie robe que tu avais voulu lui offrir: pour prendre cette photo, tu as voulu toi aussi revêtir ta jolie robe. Les selfies que j’ai du prendre avec chacune de tes amies en les embrassant. Les photos avec tes didis émues de te voir partir: tu étais avec Pinky l’enfant qui étais restée le plus longtemps au shishu sadan.
Il y a eu des larmes aussi: celle de Priya, inconsolable de te voir pour la dernière fois. Celles de Radda Mami, l’autre didi qui t’avait accompagnée depuis ton plus jeune âge.   Les miennes au moment de franchir les portes de l’orphelinat et les tiennes, libérées dans la voiture qui nous éloignait du shishu sadan et évaporées au vent de la fenêtre par laquelle tu regardais une dernière fois ce chemin que nous ne referons pas avant longtemps.

Et puis arrivée à l’hôtel tu es redevenue l’enfant joyeuse que tu es, tu as recommencé à gambader dans les couloirs avec joie, et tu nous a préparé un festin avec ta dînette.














Diwali

Cette fête est La fête en Inde, c’est la fête de la lumière, du renouveau. A cette occasion , les maisons sont repeintes, recouvertes de guirlandes lumineuses, on s’achète de nouveaux habits pour l’année, et on se réunit en famille. La vie s’arrête pendant 4 jours, les enfants et les administrations sont fermées pendant une semaine.
Il était donc normal que nous nous joignons à ta famille de cœur pour la fêter: le shishu sadan où nous attendaient tes amies.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Priti nous ayant conseillé de venir à 13h alors que Vishaal nous avait conseillé de venir à la nuit tombée.
Nous y sommes donc allés à 13 h avec la ferme intention d’y rester jusqu’à la nuit.
En fait nous sommes rentrés bien avant la nuit car le chauffeur souhaitait rentrer fêter Diwali lui aussi avec ses enfant et que ça nous arrangeait bien: cette après -midi avait été pour nous assez épuisante!
Nous avons vécu pendant 3 heures ce que les enfants vivent en continu pendant 4 jours: une succession de personnes haut placées, de club de bienfaisance viennent les bras chargés de pâtisseries et de sucreries, gavant les enfants en prenant des photos et des vidéos, et repartent quand le quota  de bonnes images est atteint. Pour eux, en plus cette année il y avait 2 français à gaver et c’était tout benef!
J’avoue avoir été un peu dégoûtée par cette fête à l’orphelinat: je revois encore cette gamine se planter devant Janui , à peu prêt du même âge qu’elle, et avec aplomb lui refourger  son gâteau et lui planter dans les cheveux une barrette neuve en plastique alors qu’elle en avait déjà 4 et qu’elle n’en voulait plus. Mais la gamine a obtenu ce qu’elle voulait; un selfie avec une orpheline à peine un peu plus jeune qu’elle. Janui , qui 10 minutes avant l’arrivée de ce groupe, pleurait dans son coin parce que ses parents lui manquaient. Et qui s’est empressée de jeter son gâteau sur le tas de gâteau destiné aux singes!
Je sais bien que le grand truc de ces gens c’est de poster ces photos sur Facebook puisque c’est comme ça que j’ai réussi à constituer une photothèque de près de 200 photos  de ces 6 années de ta vie.
Malgré tout, tu étais ravie, tu avais toi aussi jeté leur gâteaux à peine ils avaient le dos tournés, et surtout tu avais eu le droit toi aussi à ton lot de petits cadeaux, et notamment ce serre tête et ses barrettes assorties pour ta chevelure abondante....
Sur le chemin du retour, j’ai commencé à entendre des pétards, j’ai demandé à notre taxi driver de nous trouver nous aussi des pétards et des feux à faire péter. J’en avais acheté un stock car j’avais bien compris que la fête durait 4 jours et que nous pourrions retourner à l’orphelinat faire pêter tout ça avec tes amies.
Nous  avons donc nous aussi largement participé à la pollution de Diwali, pollution sonore et atmosphérique: pendant 4 jours, dès que la nuit tombe, et jusqu’à l’aube c’est une pétarade continue de feux en tous genres qui dégagent leurs fumées et viennent créer une brume de particules fines.
Mais nous avons vu briller les lumières dans tes yeux ainsi que dans ceux de tes amies.