lundi 29 octobre 2018

Foster care, le bilan.

Voilà, nous sommes officiellement les parents de Dourga depuis le 22/10.
Donc le foster care est fini depuis cette date, après quasiment deux mois où nous étions considérés comme une famille d'accueil pour notre future fille et où le tuteur légal, à qui nous devions référer au moindre problème ou déplacement, était Vishaal, le responsable des adoptions.
C'est une possibilité offerte dans le processus d'adoption ,  mais peu de parents le font.

Parce que honnêtement  ce n'est pas évident: on part pour une durée indéterminée, il faut donc pouvoir s'adapter professionnellement et financièrement.
On part dans un pays dont la culture est très éloignée de la nôtre.
Où le jugement est retardé pour des raisons peu à la gloire de la justice indienne, où le système des relations est très puissant pour faire évoluer une situation bloquée par une juge malhonnête. Il faut donc avoir un peu de chance et surtout ranger son orgueil de côté pour faire appel aux puissants de cette société où les rapports de castes sont très présents, quoiqu'on pense de ce système qui laisse à la rue des dizaines de fillettes sans parents.
Où être une femme est déjà une faiblesse, où lorsque la femme est célébrée au cours d'une journée, c'est finalement en l'honneur de son mari ( elle jeûne et se fait belle pour son mari, qui rompra le jeûne en lui tendant un verre d'eau ), où quelque soit ton niveau d'étude tu seras considérée comme une pauvre chose. 
Où Krishna, Vishnou, Rama, Durga, Ganesh prennent une place primordiale, parfois insupportable pour nos esprits européens,  qu'on a du mal à appréhender tant qu'on y a pas vécu un peu.
 Où on ne trouve plus un seul restaurant qui sert le classique steak frites saignant, où on ne peut plus manger de yaourt car comme ils ne sont pas pasteurisés, on ne peut en manger sous peine de se chopper la turista du siècle! ( ça parait futile comme ça, mais c'est aussi  là que l'on se rend compte du poids de notre culture ). Où l'horrible vin blanc que tu trouves au restaurant de l’hôtel est un luxe inappréciable au fil des semaines. Où le Kinder devient un chocolat de qualité.






Où tu ne peux plus sortir dans la rue sans que tout le monde t'interpelle et te demande "qui est cette enfant?", et donc où tu vas rester enfermée beaucoup de temps dans le cadre très sécurisé de l’hôtel à jouer au jeu de cartes, colorier, peindre,lire, faire de la pâte à modeler, regarder Barbie/ Raiponce/ Mowgli,  jouer à cache-cache, à la marelle,te tatouer la peau avec ta fille, tout ça en oubliant  tes repas en famille ou tes soirées avec tes amis, et tes séances de télévision sur Netfix.




Mais si c'était à refaire, je referai pareil, même en sachant que je vais passer de longues semaines seule, loin de ton papa obligé de rentrer en France.
Parce que ces deux mois passés sur place sont juste une énorme chance pour notre famille: d'abord nous avons appris à te connaitre dans ton environnement, tu as appris à nous connaitre et à communiquer avec nous en douceur, à ton rythme. Nous avons été à la rencontre de ces 6 années que tu as passé au shishu sadan, nous savons qui sont tes amies, tes "soeurs " d'orphelinat, nous savons quelles sont les didis et les mamas que tu appréciais et avons même lié contact avec elles.





 Nous allons pouvoir donner de tes nouvelles mais aussi en prendre, ce qui te rassure.
Nous n'allons pas t'arracher à ces 6 années sans rien en connaitre, sans savoir quels sont tes gouts, comment se passaient tes journées au sein de cet orphelinat, sans pouvoir en parler avec toi.
Rien que pour ça, cette connaissance que nous avons de ton enfance, je le referai et le recommanderai.


















Mais surtout, nous avons pris le temps de nous lier, de nous attacher avant de te détacher de tes amies, nous avons pris le temps de tisser un lien avant de distendre en partie l autre et ça, je pense que c'est inestimable. Nous aurons aussi plus de facilités à maintenir ce lien avec ton pays d'origine puisque nous avons un peu compris ce qui était important pour toi dans cette vie que tu laisses pour un temps ( car tu auras toujours la possibilité d'y revenir ma puce).

Dans 2 jours, ton papa revient. Nous allons partir ensemble  en France dans quelques semaines ( il nous reste quelques démarches administratives à faire: certificat de naissance, passeport, visas) et ce chemin l'un vers l'autre sera déjà fait en partie, tu n'auras " plus " qu'à découvrir ton nouveau pays, ta nouvelle maison, de nouvelles têtes que tu connais déjà pour avoir échangées avec elles sur Face time et nous,  à t'aider à t'y adapter.  C'est déjà énorme mais je n'ose imaginer ce qu'éprouvent ceux qui doivent en prime apprendre à communiquer et à connaitre leurs parents!
Car en ce qui nous concerne, nous nous connaissons déjà et savons déjà échanger des mots d'amour.
Tu me l'as dit hier au moment de t'endormir alors que je te souhaitais une bonne nuit " moi j'aime papa. Et moi j'aime maman aussi ".














jeudi 25 octobre 2018

Le coin lecture

Ce matin  j'ai fini de lire "Rubiel e(s)t moi" de Vincent Lahouze.

C'est la deuxième fois qu'un livre sur l'adoption résonne aussi profondément en moi.
Le premier c'était à la lecture de "Vent fort , Mère agitée", livre écrit par mon amie  Nathalie Longevial : ce livre là est un livre à lire si on veut comprendre les tempêtes et les acalmies qui se déroulent dans la tête de parents engagés dans la longue attente de l'adoption. Ce livre avait raisonné bien fort car elle a décrit à merveille ce que je ressentais, et le voir écrit ainsi m'a permis de mieux le supporter et de le poser ici - bien plus maladroitement qu'elle- à mon tour.

Celui de Vincent Lahouze a raisonné pour des raisons bien différentes.  Il est parti à la recherche de l'enfant qu'il était , Rubiel , lorsque ses parents sont venus en Colombie pour l'adopter. Il lui a imaginé la vie qu'il aurait eu si ses parents avaient choisi Frederico son compagagnon de chambre au lieu de lui, Rubiel devenu Vincent. En parallèle ,il y raconte  sa vie de Vincent et les tourments liés à cette déchirure qui l'ont secoué tout au long de son adolescence et de sa vie d'adulte.

Et moi, en lisant ce livre, je ne cessais de me demander: " et toi ma puce, comment vas tu vivre avec cette idée d'avoir laissé derrière toi tes amies , tes soeurs d'orphelinat? comment vas tu vivre la séparation de ta culture indienne ?  "
Il est fort probable qu'Hindu ou Rhidi soient adoptées un jour,en Inde ou à l'étranger, elles sont encore jeunes et il y a un vrai mouvement de l'Inde pour vider les orphelinats de ses enfants au plus vite.
Par contre, Pinky et Priya, je ne suis pas sûre qu'elles soient adoptées un jour. Elle quitteront probablement l'orphelinat où vous avez partagé tant d'années ensemble, dès qu'elles auront 10 ans, ce qui sera bientôt le cas.
 Que vont-elles devenir tes sœurs de cœur? Je sais que déjà cette idée te préoccupe car tu multiplies les demandes afin de leur laisser le maximum de souvenirs de toi.
De la même manière que je vais tout faire pour retrouver ton amie Suman en Italie, et garder le contact avec Lali, j'essaierai si Vishaal l'accepte, de prendre régulièrement de leurs nouvelles.
J'ai déjà demandé à Vishaal si il y avait le moyen de les aider, ainsi que d'aider Janui dont la maman est en prison à aller à l'école, mais malheureusement ce n'est pas possible." L'Inde pourvoit aux besoins de ses enfants " m'a t'il répondu.

C'est un peu décousu comme réflexions, pas très élaboré, mais si tu savais comme ce livre m'a bouleversé. J'espère comme le dit Nathalie en parlant du livre de Vincent, que nous aurons nous aussi réussi à faire en sorte " que tous les morceaux soient solidement arrimés les uns aux autres, que l'amour aura fait son œuvre, même si l'amour ne suffit pas".
Ma puce, si un jour ça ne va pas bien, va lire le livre de Vincent, peut-être y trouveras tu écrit les sentiments que tu n'arrives pas à exprimer , comme moi j'ai retrouvé mes maux  dans les mots de Nathalie.





lundi 22 octobre 2018

couleur caramel


Tu es une fille très girly. Tu aimes le rose, les jupes et les robes roses, les fleurs sur les tissus.
Tu aimes l’idée de ne plus jamais te couper les cheveux si le cœur t’en dit.
Tu n’arrêtes pas de répéter en coiffant Barbie, qu’un jour ce seront tes cheveux qui seront aussi long et que tu pourras tresser.
Tu aimes les bracelets, les colliers.
Tu aimes te faire belle aussi: tu aimes à te couper les ongles régulièrement pour ensuite y poser délicatement une petite touche de rose. Et tu sais déjà te mettre du mascara et du khôl sur les yeux, ainsi que du rouge sur les lèvres. Je ne suis pas fan de tes séances de maquillage mais je dois dire que tes didis ont réussi à t’apprendre à le faire sans que ce soit vulgaire et choquant.
Tu aimes mettre de la crème hydratante sur ta peau, de l’huile brillante dans tes cheveux, de la crème pour les pieds sur tes talons.
Bref tu aimes t’occuper de toi, de moi aussi d’ailleurs car tu veilles à ce que mes tenues soit coordonnées, mes ongles bien coupés et mes cheveux bien coiffés.

Par contre, tu as abandonné un de tes rituels beauté du matin et j’en suis bien contente: quand tu es arrivée ici, tu as découvert avec satisfaction que l’hôtel mettait à disposition des boîtes de talc, dont je me demandais jusqu’alors à quoi elle pouvait bien servir.
Jusqu’à ce que je te vois faire: tu t’es saupoudrée d’une quantité incroyable de talc pour faire disparaître la couleur de ta peau. Et les traces de bronzage laissées par ton maillot de bain au soleil.
Ici, la couleur de peau chocolat est mal vue, les petites filles ne jouent pas au soleil de peur de bronzer, car quand tu es trop colorée, tu n’es pas belle: peut importe ton regard, ta grâce ou ta prestance, avec une peau chocolat, tu ne seras jamais choisie pour siéger au premier rang d’une photo de classe. Et quand tu es en orphelinat, tu ne seras jamais adoptée par des hindis.
Parce que le standard de beauté ici, c’est la peau claire. La peau très claire ( fair) ou brun léger ( wheatish complexion). C’est celle un peu mensongère, mais ce n’est pas un problème, que l’on nous avait annoncé te concernant, celle décrite sur ton dossier médical. «  wheatish complexion« , terme pas médical du tout qui m’avait demandé quelques recherches quand nous avions reçu ton dossier.
Moi , avec ma peau bronzée, j'ai regardé , je suis juste pile poil à la couleur des blés. Toi tu es caramel au beurre salé ou café au lait là où tu n'es pas bronzée.  Même les slogans pour lutter contre la discrimination
à la couleur de peau montre des filles à la peau plus claires que nous!

En te voyant te saupoudrer ainsi, je t’ai dit que je trouvais ça dommage, car j’aimais bien le chocolat. Mais que si toi tu préférais la couleur café au lait, tu pouvais continuer , l’essentiel c’était que tu te sentes bien.
Tu as définitivement posé la boîte de talc pour ne plus jamais t’en resservir.
Tu me l’a fait répéter les yeux plein de fierté devant les didis qui te demandaient pourquoi tu ne te talquais plus. Tu as souri de ton plus grand sourire devant leurs mines ébahies à ma réponse.



et vive le cinéma bollywodien !

montage piqué sur un autre blog ( bacapana)

mais il est tellement bien fait que je n'y résiste pas!


https://www.youtube.com/watch?v=ca2l2EBi-70&feature=player_embedded


voilà c'est enfin signé, nous allons pouvoir rentrer! La juge nous a convoqué au dernier moment, nous allions partir à la piscine donc nous sommes partis pas coiffées, pas douchées au tribunal, en emportant une bouteille d'eau, une pomme et un paquet de ships.
Elle avait déjà signé l'ordre de jugement mais il y avait une erreur dans ta nouvelle identité (Dourga écrit sur le jugement Durga), donc on a repoireauté 2 heures dans la salle d'audience avant qu'elle le resigne. Pas un regard, pas un mot de sa part.
Tu a retrouvé dans la salle d'audience une petite amie de ton orphelinat, Lalita, adoptée avant toi par un couple d'indiens, vous vous êtes échangées vos impressions et nous sommes pris en photo mutuellement.
Ta première question en sortant de la salle d'audience:" Papa quand ici venir?" Ton sourire a atteint tes oreilles quand tu a entendu " dans 7 jours. "
Et tu as laissé éclater ta joie en arrivant dans notre chambre!
Ce soir, on fête ça!! 




samedi 13 octobre 2018

Pyramide de maslow

Je m'attendais à te voir franchir les étapes les unes après les autres, comme c'est décrit dans les livres sur la normalité adoptive de Johanne Lemieux:
3 jours de choc, 3 semaines d' adaptation, 3 mois d'apprivoisement, 3 saisons d'attachement.
A chaque saison, une fois passé le choc, sa strate de pyramide.  Donc normalement, à la date où j'écris cet article, nous sommes dans la saison de l'apprivoisement, celle de recherche de la sécurité.
En fait,  tu passes allégrement d'un étage à l'autre de la pyramide avec des petits retours en arrières certains jours.

Il n'y a pas eu de choc, les 3 semaines d'adaptation ont du durer 5 jours, tu as tout de suite compris que nous étions dorénavant tes donneurs de soins exclusifs:
La nourriture , tu ne l’as jamais acceptée de quelqu’un d’autre. À chaque visite à l'orphelinat, tu refuses depuis le début la nourriture ou les sucreries que les didis veulent te donner, sauf si je t'ai donné l'autorisation de les prendre ou que cette nourriture passe par mes mains. J’arrive à chaque fois avec le goûter pour tout le monde, que nous confions à la Didi pour qu’elle le distribue, et l’ironie c’est que tu es la seule à ne pas vouloir en manger!
Même lorsque ta grand mère , Nanie-mutti, était là, tu ne t’es jamais tournée vers elle pour qu’elle te donne à manger.
Mais tu continues à avoir des journées où tu vas réclamer de la nourriture plusieurs fois par jour, allant te servir dans les réserves qui sont continuellement à ta disposition afin de te rassurer sur ce besoin physiologique.
Tu es extrêmement exigeante sur le choix de ce que tu vas manger. En gros, si je t’écoutais ça ferait 2 mois que tu ne mangerais que du riz et du Dalh. Tu es même parfois un peu pénible: le plat que tu adorais hier, le chole par exemple, tu ne veux plus en manger aujourd’hui. Pour quelle raison?  je n’en sais rien!
Jusqu’ici je bataillais toujours un peu pour que tu acceptes de manger autre chose, là j’ai décidé de voir ce qui se passait si je te proposais d’autres plats en plus du traditionnel riz dalh, sans te le mettre dans l’assiette.
Ton sommeil n'a jamais été un problème, tu as juste du mal à t’endormir et il faut compter environ une heure une fois couchée pour que tu t’endormes: impossible de te laisser t’endormir seule, je dois lire, chanter des berceuses, te gratter les cheveux pour que tu arrives à trouver le sommeil.

Quand Nanie est partie, tu m'as répété à plusieurs reprises: "d'abord Papa parti, ab Nanie partir, après maman partir, et Dourga toute seule".
Plusieurs fois je t'ai donc répété que non, maman ne laisserait jamais Dourga toute seule, que Papa allait revenir pour nous ramener en France, parce que tu es notre petite fille pour la vie. Il le fallait pour contrebalancer ce sentiment d'insécurité que te procuraient les départs de papa et nanie.
Tu demandes encore souvent quand Papa va revenir, pourtant tu connais la réponse: elle dépend de la date à laquelle le jugement d'adoption sera prononcé. Mais il te faut vérifier que cette réponse est toujours la même.
Le retard pris pour le jugement d'adoption te laisse un sentiment d'insécurité , c'est certain. Mais tu as compris et répète souvent la séquence: "bad me jugement, papa ke sath,  passeport, visa et maison france me. "
Tu a donc accepté de remercier sans problème le manager de l’hôtel quand tu as compris l'aide qu'il nous apportait pour obtenir la signature du jugement par cette juge peu scrupuleuse. 
Sinon, tu ne t'es jamais mise en grand danger pour voir si je t'arrêtais; tu refuses de nager dans le grand bassin toute seule et pourtant tu es capable de le traverser plusieurs fois de suite. La seule "folie" dont je me rappelle et qui revient régulièrement:  tu veux faire du vélo pied nus , ce que je refuse pour que tu ne te blesses pas. Et à chaque fois, tu insistes plus longuement pour voir si je ne vais pas craquer , lâcher le vélo et te laisser enfin rouler pieds nus.

C'est à peu prêt à partir du départ de Nanie que tu as clairement cherché le contact au moment de te coucher, avec des demandes claires pour que je te gratouille les cheveux sans chercher à trouver une raison. Avant c'était moins franc, tu prétextais une douleur pour que je te touche ou tu voulais jouer au " sac à patates" portée sur l’épaule ou au cheval sur mon dos.
Depuis quelques jours,  tu fais aussi semblant d'être un bébé qui pleure pour que je te prenne dans mes bras et te berce.
 C'est aussi à partir de ce moment là que tu as voulu appeler toi même ton père et tes grands parents, tes cousins, nos amis et que tu as posé des questions et voulu comprendre précisément les liens qui nous unissaient avec toutes ces personnes. Tu sens que tu fais partie d'une famille et tu cherches à le vérifier.

Le besoin d'estime est très fort chez toi: j'ai vite compris que sur le plan physique, pour te voir accomplir quelque chose, il fallait te lancer un défi que tu serais capable de relever. En natation , ce fut frappant: tu refusais de nous regarder quand on voulait te donner un conseil, mais il suffisait que j'annonce que j'avais traversé le bassin en faisant 8 mouvements de brasse sans toucher les pieds pour que tu cherches à en faire plus! Maintenant c'est toi qui me lance des défis que tu es très contente de me voir réussir " Ha c'eeeest ça!" me dis tu en souriant quand tu trouves que je nage moi aussi comme une sirène.
 Par contre, tu ne supportes pas de ne pas réussir quelque chose du premier coup et c'est un vrai frein à ta progression parfois, car tu te buttes et te met alors à bouder. J'ai beau tout faire pour transformer les exercices de math de Montessori en jeu, la notion de chiffre, de quantité et d'addition simple  reste pour toi un obstacle bien difficile à franchir pour l'instant. Pourtant, tu comptes jusqu'à 30 sans problème, mais tu te heurtes à la symbolique des chiffres au delà de 5. Il faut que nous arrivions à trouver ensemble la petite porte bien cachée qui t'amènera enfin à comprendre ce mystère.

Qu’on se rassure, tu n’es quand même pas parfaite tout le temps: Il y a des jours aussi où tu cherches volontairement à dépasser les limites pour voir quelle sera ma réaction. Tu m’arraches en criant l'ipad des mains parce que je te l'ai retiré pour te mettre un film en français à la place de l'hindi, tu refuses de manger le poulet que tu m'as fait commander au restaurant, tu veux jouer aux raquettes puis au bout de 10 secondes dehors, veut aller jouer aux cartes à l'intérieur.
Ce qui me rassure , car un enfant trop parfait n'est pas bon signe non plus: en fait, tu ne le sais pas, mais je jubile de plaisir à te voir faire des caprices!


samedi 6 octobre 2018

Joie

Je me demande souvent en ce moment à quel moment les maman biologiques éprouvent la joie que je ressens.
Est-il possible qu'elles ressentent cette joie tout au long de la petite enfance de leur enfant? est -il possible qu'à partir de maintenant, tout événement qui te touche et te fait plaisir me fasse aussi plaisir que cet immense bonheur que j'ai ressenti hier? ou est ce que cette joie est décuplée , justement parce que c'est la première fois que j'ai l'occasion de la ressentir et qu'elle concentre en une fois toutes ces fois que je n'ai pas eu jusqu'alors?

Quand je t'avais parlé de t'acheter une jolie robe, tu m'avais montré ces horribles robes en taffetas avec un gros nœud dans le dos que portent les petites filles indiennes. Pour toi qui n'a jamais eu de robe à toi, qui n'a porté que des robes devenues trop petites pour d'autres enfants, c'était déjà un rêve. Moi je pensais plutôt à une robe dans le style des vêtements de danse traditionnelle, que tu serais fière de porter en toute occasion. Une robe qui te permettrait d'emporter avec toi un peu de ton pays d'origine, une robe sortie d'un conte des milles et une nuit.  Je t'ai montré une photo et tes yeux se sont allumés" oh oui, j'adorerai! " m'as tu dit ( comme Skyper le dit dans l'épisode de Barbie et la magie des dauphins) .
Nous sommes donc allées choisir le tissus ensemble, il est rose forcément.
J'ai montré la photo au tailleur du type de robe que nous avions choisi ensemble et nous lui avons confié le tissus pour qu'il le transforme en robe.
Hier, nous sommes donc allées chercher ta robe.
Comment parler ici de ton sourire quand tu as ouvert le paquet, de ton émotion quand tu as enfilé cette robe pour la première fois? j'en ai encore les larmes aux yeux rien que d'y penser!
De ton empressement à vouloir rentrer à l’hôtel pour pouvoir l'enfiler à nouveau, descendre dans le lobby et le parc de l’hôtel pour faire les premières photos de toi dans cette jolie robe? de ton bonheur à te laisser photographier toi qui pourtant n'aime pas te prêter à l'objectif de l'appareil photo en public?




De ton envie de prendre en photo les détails de couture et de la ceinture en perles?

De ton plaisir à la ranger sur son cintre, et à aller regarder si elle s'y trouvait encore ce matin?
De la gaité que tu as exprimée toute la soirée, de tes gambades dans le couloir de l’hôtel, de ton envie de câlins et de baisers au moment de te coucher?
Peut-être en parlant de cette joie que j'ai moi même ressentie à te voir si heureuse, si fière de toi dans ta robe de princesse.


Jamais je n'avais ressentie une joie si intense et si profonde, jamais je n'avais été aussi émue par un événement.  Joie faite de tendresse , du bonheur dans tes yeux mais aussi du plaisir que tu ressens et exprimes très bien : pour la première fois de ta vie, tu portes un vêtement qui a été fait pour toi et que tu as choisi.